Il y a ces souffrances où l'on en ressort plus fort. Où l'on acquiert cette capacité de jugement, d'analyse, cette capacité de compréhension, que l'on aurait sûrement jamais eu sans elles. Il y a ces pleurs que l'on finit par sécher parce que finalement, on a tourné la page. Ces histoires auxquelles on pense jour après jour, puis tous les deux jours, une fois par semaine, une fois par mois.. Certaines sont plus dures à évincer que d'autres. On n'oublie pas, on vit juste avec. Et parfois, on se surprend à se sentir fier d'en être sorti presque indemne. Bien sûr, on ne réagit pas comme s'il n'y avait rien eu. On haït la violence, mais on ne la fuit pas. On devient plus tolérant. On reconstruit des relations qui sont peut-être meilleures qu'avant.
Mais je ne crois pas avoir développé un jour une peur constante comme celle qui comprime ma poitrine. J'essaie, cependant. J'essaie de ne plus y penser, de me dire que tout peut changer. Que le temps arrangera les choses et gommera mes peines. Malgré tout, cette angoisse, sourde, reste présente. Je n'ose plus baisser ma garde face à toi. Et j'ignore si tout cela va changer.