Je ne suis pas parfaite. J'aime trop fort, trop vite, je suis parfois étouffante, j'insiste trop souvent, je persévère, je m'acharne et je m'entête jusqu'à ce que j'ai usé tous les moyens possible jusqu'à la moelle. Je suis en plein déni, on me dit d'en arrêter là, mais je continue. Je continue parce que je pars du principe qu'on ne vit qu'une fois, et que l'on doit se battre pour ce que l'on veut jusqu'au point de rupture. Je n'ai pas envie de laisser tomber car quand tout est fini, je veux pouvoir me dire que j'ai fait de mon mieux pour tenter d'atteindre mon objectif. J'ai besoin de me dire que j'ai essayé tout ce dont j'étais capable. Je n'ai aucune honte par rapport à ça. Je n'ai aucune honte parce qu'il n'y a aucune limite à avoir quand on trouve un but valable. Il y a tellement de choses dans la vie contre lesquelles on ne peut rien, alors quel est l'intérêt de rester immobile quand on a une chance de changer les choses ?
Je ne suis pas parfaite, mais j'essaye tellement fort. Et j'ai envie de croire que les personnes importantes pour moi s'en rendront compte. Je n'arrêterai jamais d'essayer d'être à la hauteur, de tout faire pour en valoir la peine. Mais je suis fatiguée. Je suis fatiguée de ne pas assez me protéger, et de vouloir vivre à fond. Je ne regrette pas une seule seconde parce que, soyons honnête, quelle utilité y a-t-il à ne pas aller au bout de ses idées ?
Samedi 21 février 2015 à 14:50
Quand je regarde mes yeux, je me rappelle qu'ils ont exactement la même couleur que les tiens. Ma cicatrice au menton me renvoie à celle de ta joue. La peau de mes joues est beaucoup moins irritée depuis qu'elle ne côtoie plus ta barbe, mes lèvres sont moins gonflées depuis qu'elles ne rencontrent plus les tiennes. Je vois mes sourcils et pense à ta manie d'arracher les tiens lorsque tu t'ennuies ou que tu es concentré. Mon piercing à l'oreille a été fait après des vacances passées avec toi, et je t'ai tellement ennuyé avec ce caprice.
Je ne peux plus me regarder dans la glace sans ressentir une douleur intolérable. Je suis marquée par tous les instants que nous avons vécus ensemble, comme si chaque trait de mon visage était une cicatrice de notre relation.
Comment pourrais-je t'oublier alors que chacune de mes expressions est un emprunt de ton âme ?
Jeudi 5 février 2015 à 22:16
Je me dirai que je suis belle à voix haute si personne ne l'a fait, je vais supporter les mauvais jours et embrasser les bons, j'aimerai la vie plus profondément que je ne l'ai jamais fait. Je vous aimerai tellement fort.
Et cette année, je m'aimerai aussi.
Vendredi 2 janvier 2015 à 21:48
Nous étions seuls sur la plage, avec quelques crabes comme spectateurs. Maman avait du mal à marcher sur les galets avec ses chaussures à talons, et nous nous moquions d'elle avec papa parce que c'était la première fois qu'on la voyait comme ça. Papa a fini par me jeter sur son dos et m'emmener dans l'eau, alors que je criais comme un fou parce que j'avais peur de me noyer.
Je n'en suis pas ressorti avant 18h, et seulement parce que maman m'avait promis des crêpes.
Plus tard, papa a quitté maman, et ce ne fut plus qu'elle et moi les années suivantes. Maman aimait beaucoup faire la fête, et j'avais pris l'habitude de m'occuper d'elle. Elle dormait souvent sur le canapé parce qu'elle disait qu'elle ne voulait pas me réveiller en montant les escaliers la nuit. Le matin, je la déshabillais pour que l'odeur d'alcool et de tabac froid ne s'imprègnent pas dans sa peau. Je me rappelais de son odeur, une odeur de linge frais et de lavande, une odeur de printemps et de renouveau.
Maman n'avait plus cette odeur de renouveau. Elle empestait les parfums d'hommes qui l'avaient touchée pendant la nuit, elle puait les cigares et les regrets. Parfois, je me réfugiais dans son ancienne armoire lorsqu'elle était d'humeur mauvaise, et je revoyais le printemps de ma vie.
Ce n'est que plus tard que j'ai appris que ce n'était pas normal de devoir déjà s'occuper de sa mère à 11 ans. Les relations familiales malsaines s'installent de manière insidieuses, et quand on évolue dans une systémique déséquilibré, on ne s'en rend pas compte immédiatement. Ce n'est que lorsqu'on parle avec des amis qu'on réalise que non, Arnaud ne lave pas sa mère le soir, et Julien ne lui prépare pas de quoi manger avec les restes du réfrigérateur. On est prisonnier de la loyauté familiale, et qu'est ce que la parole à part l'opportunité de ne pas dire la vérité ?
Le cancer de maman n'a pas pu mentir, lui. J'ai dû rejoindre papa et sa nouvelle amie, elle était gentille, mais ses crêpes avaient le parfum d'amertume de mon enfance.
Jeudi 12 juin 2014 à 1:24