Quand vous rentrez chez vous, à 18h15, que votre mère vous donne votre bulletin avec des remarques sous-entendant que vous êtes stupide, vous pouvez vous dire que c'est ingrat de la part des professeurs. Que vous aviez quand même fait un minimum d'efforts.
Finalement vous regardez vos moyennes, et vous vous arrêtez sur celle d'SVT qui est environ 4 points en dessous de celle que vous devriez avoir. Vous ragez. Vous montez et vous connectez à msn où vous parlez à votre copain, qui pour seule réponse à votre indignation vous parle de sa remarque du prof de philosophie. S'ajoute ensuite votre mère, qui vous raconte, soyons franc, des choses inutiles et agaçantes. Là, vous n'en pouvez plus, vous sentez les larmes monter, et vous vous retrouver à hurler de toute vos forces sans vous en rendre compte. Votre frère finit par venir vous frapper parce que vous criez trop fort, et vous fuiez de votre logement meurtrie par ses coups, non sans avoir jeter l'aspirateur dans l'escalier, une chaise contre un mur, et un fer ancien contre le carrelage.
Roller au pied, 18h35, vous roulez le plus vite possible dans les rues, les larmes coulant sur vos joues, et votre poitrine secouée par les sanglots. Vous avez froid, le vent glacial vous fouette le visage, et vous vous en voulez d'être sortie en débardeur.
Errant dans des endroits où vous n'allez que rarement, vous atteignez le point de non retour. Il fait nuit, vous ne sentez plus vos bras et vos mains, vos jambes n'ont aucune force et votre respiration siffle. Vous pouvez avoir de curieuses réflexions comme « Si je passais deux bonnes heures dehors et que tout mon corps était insensible comme mes mains, peut-être que je ne sentirais pas les poings de mon frères s'abattre sur mon dos.. » Théorie que vous laissez vite tomber étant donné qu'elle ne marcherait pas au printemps, et encore moins en été. Vous trébuchez et vous effondrez par terre mais ne vous relevez pas. De toute façon, vous n'avez rien senti.
C'est alors que vous vous trouvez pitoyable avec votre morve sur le visage et vos larmes qui n'ont toujours pas arrêté de couler. Vous vous dites que c'est eux qui ont raison, et que vous n'en valez pas la peine. Vous prenez plaisir à imaginer la superbe vie de vos proches si vous n'étiez pas née, et à vous enfoncer vos ongles dans votre bras en laissant le froid vous pénétrer comme des milliers d'aiguilles dans votre peau.
19h30, devant chez vous, les yeux bouffis, la respiration saccadée. Vous rampez jusqu'à votre ordinateur, larve que vous êtes, et réalisez que vous n'arrivez plus à bouger vos bras.
Mais le pire, c'est que ça ne vous fait ni chaud ni froid. Vous ne vous inquiétez même pas quand, 40 minutes après, vous avez encore l'impression d'être dans un lac gelé.
Après tout, qu'est-ce que ça change ?
Mercredi 19 mars 2008 à 20:10